Avoir un capital solide et une équipe dévouée n’est pas toujours suffisant pour le maintien de la pérennité d’une banque. Plusieurs facteurs peuvent les mettre en difficulté financière. Voici les 7 banques en ligne et néo-banques les plus fragiles, en danger ou tellement en difficulté qu’elles ont dû fermer leurs portes.
1️⃣ Pumpkin (fermée)
Pumpkin est une filiale de la banque mutualiste Crédit Mutuel qui avait pour mission de s’occuper des transactions entre particuliers. Le groupe Crédit Mutuel avait racheté Pumpkin à l’origine, en 2017, pour une somme non connue du grand public.
La fintech Pumpkin, tout au long de ses 5 années de parcours, a cumulé plus de 1,6 million d’utilisateurs. L’application développe un moyen simple et ergonomique pour envoyer et recevoir de l’argent entre proches. Pumpkin visait majoritairement des clients de la jeune génération.
Malgré son nombre important d’utilisateurs, la fintech Pumpkin pourrait définitivement cesser ses activités. Le groupe bancaire Crédit Mutuel, pour des raisons de rentabilité, a confirmé qu’un projet de réorganisation des activités de la filiale pourrait conduire à la suppression de celle-ci.
Cette décision du comité social et économique conduirait inévitablement à la suspension de l’équipe de 56 emplois constituée par la fintech.
Le marché des banques en ligne étant très concurrentiel, malgré le soutien de Crédit Mutuel Arkéa et des initiatives pour varier son offre, Pumpkin n’a pas réussi à trouver sa place pour pérenniser son activité.
Toutefois, la société a assuré que les salariés affectés par cette restructuration se verront proposer, au sein de la société, des postes à la hauteur de leur qualification respective.
2️⃣ Vybe (fermée)
Pour la néo-banque Vybe, le parcours s’est arrêté définitivement suite à une liquidation judiciaire. La fintech ne sera plus accessible pour les clients de dans un délai de 2 mois, après cette liquidation.
La néo-banque française se considérait comme la plateforme financière destinée à la nouvelle génération. Dans cette optique, elle permettait aux adolescents et aux jeunes adultes de posséder une carte bancaire gratuite qui facilitait les paiements avec Apple Pay. Les utilisateurs pouvaient donc bénéficier d’un système de cashback qui rendait possibles les paiements de biens et services avec plus de 60 marques partenaires.
Tandis que ses nombreux concurrents ont adopté la même stratégie sous une version payante, la fintech Vybe a choisi de proposer ses services gratuitement. Ce modèle de gestion n’a malheureusement pas pu faire face aux enjeux du marché.
Suite à sa fermeture, Vybe a mis en place un accompagnement destiné à ses 40 000 utilisateurs et plus. Celui-ci consiste à rediriger ses clients vers la concurrence : les utilisateurs mineurs pourront reconduire leur compte chez Kard et les plus vieux se verront inscrits chez Lydia.
Il est bon de savoir que Vybe a réalisé plus de 4,8 millions d’euros de profits en 3 ans. Canelle Chokron, cofondatrice de Vybe a déclaré que même si l’augmentation mensuelle de 30 % de nouveaux clients, dont la plupart reste fidèle, l’annonce de son retrait de la levée de fond en cours par le plus grand participant, en juin 2022, a mis la banque en position difficile.
3️⃣ ING France (fermée)
La banque en ligne ING France a définitivement fermé ses portes. Malgré ses 21 années d’expérience, la banque n’a apparemment pas pu maintenir son statut de pionnier sur le marché bancaire français.
La banque a fermé des milliers de comptes bancaires inactifs de ses clients. Plus tôt, elle annonçait qu’elle se retirait définitivement de son secteur d’activité en tant que banque de détail.
Ainsi, le mois qui a suivi cette annonce, plus de 300 000 Français ont vu leur compte ING être supprimé. La banque en ligne ING cherchait à vendre ses actifs à différents offreurs, tout en visant le meilleur prix, mais ces derniers ne seraient intéressés que par les parts rentables de la société. Alors, la solution trouvée a été de se séparer des comptes clients pesants et inactifs afin de présenter un patrimoine fiable.
Cette décision brutale d’ING n’a pas été appréciée par les utilisateurs qui ont trouvé le délai de préavis beaucoup trop court et le motif non justifié. Toutefois, après plusieurs décennies de pertes, la banque se retrouve pieds et mains liés et n’a d’autre choix que de faire le grand ménage dans ses comptes clients si elle veut intéresser ses acheteurs potentiels.
ING France explique que cette décision a été prise compte tenu de la conjoncture économique avec de faibles taux d’intérêt, des chiffres négatifs sur plusieurs années pour les résultats de la banque en ligne et une couverture du marché plutôt restreinte.
4️⃣ Swoon (fermée en août 2021)
S’il faut tenir une banque responsable de son propre déclin, il s’agira certainement de cette jeune banque lilloise Swoon, filiale de la Financière de Garantie. Elle a, en effet, mis au point un supposé système de placement très alléchant qui permettrait aux contractants de recouvrir leur investissement avec un taux d’intérêt de 3 %.
Les Français ont couru vers cette offre sans se douter des risques qu’ils prenaient en y engageant leurs capitaux. En réalité, Swoon utilisait ces fonds pour financer des PME qui ne pouvaient pas bénéficier de l’octroi des crédits classiques.
Après 4 années de manœuvre, la situation échappe au contrôle de la banque. Les clients ont récolté les pots cassés et regrettent d’avoir investi leurs économies dans ce système d’épargne voué à l’échec. La banque lilloise a fermé ses portes sans aucun moyen de restituer les fonds placés à ses différents clients.
Au premier abord, la Financière de Garantie a tenté de rassurer les plaignants en insistant sur le fait que, même si Swoon était en liquidation judiciaire, la société mère était toujours présente et qu’elle poursuivrait son avancée à la fin de cet épisode.
La Financière de Garantie a été placée en redressement judiciaire le 28 mars 2022 par le Tribunal de Commerce de Lille.
5️⃣ Boon (fermée)
Boon est une néo-banque issue du groupe d’origine allemande Wirecard, sa maison mère. Elle a vu le jour en 2015 et faisait partie des premiers établissements affichant une compatibilité avec Apple Pay.
Cet avantage que possédait Boon n’a pas suffi pour s’imposer sur le marché. Elle a été très vite embarquée dans la guerre concurrentielle présente dans le secteur. Pour finir, un scandale financier a mis en lumière ses fondations fragiles et l’a menée tout droit à sa perte.
Wirecard était une start-up financière allemande de référence. Elle possédait un vaste marché et était spécialisée dans les paiements en ligne. Elle occupait une place importante dans le puissant système bancaire allemand. Mais tous ces chiffres étaient peut-être biaisés puisqu’il n’a pas fallu grand-chose pour ensevelir le prestige bâti par la firme.
Après de nombreux reports de la publication de ses chiffres, puis la démission de Markus Braun, le président et fondateur de l’établissement, la fin de Boon est annoncée pour le 3 octobre 2020. La maison mère de la néo-banque aurait payé les frais d’une grande escroquerie qui l’a amenée à rejoindre les banques en faillite.
La situation est si tragique que la banque en difficulté financière s’est hâtée de demander à ses clients de retirer les fonds encore disponibles sur leurs divers comptes. D’ici 6 ans, tous les comptes Boon, positifs ou non, seront définitivement résiliés.
6️⃣ C-ZAM (fermée en juillet 2020)
C-Zam est une offre bancaire donnant droit à une carte bancaire pour un abonnement de 1 € par mois. Elle est proposée par la filiale bancaire du distributeur français Carrefour. La carte C-Zam détonnait par sa distribution de carte rendue possible dans les points de vente Carrefour. Toutefois, cette innovation n’a pas suffi pour fidéliser ses clients.
En effet, plusieurs utilisateurs, bien qu’ayant acheté la carte C-Zam, n’ont pas pris la peine de l’activer. La majorité restante n’ayant pas trouvé les services proposés à la hauteur de leurs attentes, n’a pas renouvelé son abonnement. La crise sanitaire du Covid-19 a également fait baisser les transactions en général chez les néo-banques françaises les plus fragiles pendant cette période-là.
Après avoir cherché en vain un repreneur pour sa filiale, C-Zam ferme ses portes en juillet 2020.
7️⃣ Morning Pay (fermée en février 2020)
Basé à Toulouse, Morning est un établissement de paiement en ligne qui propose ses services sous le nom de Morning Pay. Le service Morning Pay permettait aux particuliers de disposer d’un compte personnel et d’une cagnotte en ligne, Wipliz, affiliée à l’établissement.
Dans un communiqué publié le mercredi 19 février 2020, la fintech a expliqué que la suppression du service Morning Pay était presque effective. Compte tenu des difficultés rencontrées par l’établissement, celui-ci a témoigné dans ce même communiqué que l’entreprise souhaitait concentrer ses effectifs et ses finances dans des activités avec une possibilité de croissance très forte.
Néanmoins, la suppression des comptes clients n’a été constatée qu’au second semestre de l’année. Les différents utilisateurs ont pu bénéficier d’assez de temps pour pouvoir dépenser leurs économies accumulées chez Morning.
Pour information, l’unité de base Morning a été rachetée par la banque Edel en 2017. En cette période, le réseau financier avait déjà à son actif plus de 100 000 utilisateurs. Mais dès cette acquisition, l’entreprise a enchaîné les échecs de négociation de contrat tels que l’annulation de sa fusion avec l’une des filiales d’Edel et l’échec de l’extension de son service B2B aux États-Unis. Avec plusieurs pertes et des procédures judiciaires en cours, Morning Pay a finalement cessé définitivement d’exister en fin d’année 2020.