La finance islamique en 2024 peut être ambigüe. Pour les acteurs musulmans du milieu, notamment les traders, certains instruments sont halal pour la négociation tandis que d’autres sont haram. Alors, que peut-on trader en Islam ? Voyons dans ce guide quels types d’instruments vous pouvez négocier en bourse en tant qu’investisseurs musulmans.
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Le compte islamique du broker eToro
Un compte de trading islamique est un type de compte proposé par de nombreux courtiers Forex et action. Ces comptes sont conçus pour se conformer aux lois islamiques. Le compte islamique d’eToro n’exige pas de paiement d’intérêts sous quelque forme que ce soit, afin de se conformer à la charia, notamment les frais swaps.
De plus, en tant que titulaire d’un compte islamique eToro, vous ne paierez aucune commission pour la gestion du compte. La seule façon pour le courtier de se rémunérer provient du spread, qui est la différence entre le prix d’achat et le prix de vente d’un instrument.
Il faut noter que la légitimité des comptes dits islamiques ne fait pas l’unanimité auprès des institutions musulmanes. En effet, les comptes islamiques offrent à la fois des instruments haram et halal.
Acheter des actions boursières : halal ou haram ?
L’Islam autorise en général l’achat d’actions ou de parts d’une société. Cependant, vous devez vous assurer que l’entreprise en question n’a pas recours à des pratiques contraires à l’Islam. Des sociétés de ventes, ou de production, d’alcool ou de jeux d’argent sont à éviter.
Les actions halal de sociétés dont les activités sont conformes à la charia peuvent être dans les secteurs licites suivants : transport, luxe, équipement médical, pharmaceutique, immobilier, énergie, télécommunications, etc.
Les types d’actions interdites sont ceux de sociétés offrant des produits illicites ou services haram : alcool, jeux de hasard, divertissements pour adultes, production de porc, de tabac, ou tout autre produit et service pouvant nuire, ou mettre en danger les personnes.
Comment différencier haram et halal
Il peut être difficile de faire la distinction entre une société haram et une société halal. Certaines offrent des services halal, mais peuvent avoir recours à des pratiques haram pour leurs fonctionnements, comme des prêts basés sur le riba.
D’autres comme LVMH proposent en général des produits de luxe halal, mais aussi des vins qui sont considérés comme haram. En outre, l’investissement dans les entreprises trop endettées est proscrit. Les intérêts sur les prêts sont également haram, ce qui exclut les investissements dans les secteurs bancaires et d’assurance classiques.
En règle générale, s’il n’est pas possible d’acheter la partie halal des activités d’une société de ce genre, mieux vaut éviter l’achat de leurs actions.
Pour vous aider, certaines applications vous guident dans vos recherches d’actions halal.
Zoya : l’application pour savoir si une action est halal
L’application Zoya est pratique puisqu’elle aide les investisseurs musulmans à trouver des actions dont les émetteurs sont conformes à la charia.
Elle surveille plus de 8000 sociétés américaines, canadiennes et britanniques. Vous recevez une liste des actions halal à partir de laquelle vous pouvez définir votre propre liste de favoris. L’application prévoit de se synchroniser à certains brokers halal pour rendre la négociation plus pratique.
Trading sur le Forex : halal ou haram ?
Il y a 2 points qui rendent le trading de Forex halal :
➡ La transaction doit est instantanée et de pair à pair.
➡ Il ne devrait y avoir aucun intérêt, de quelque façon que ce soit.
Transaction instantanée de pair à pair
Avec les courtiers, le premier point peut être respecté puisque vous passez l’ordre en quelques secondes. Maintenant, la configuration « pair à pair » est assez compliquée de nos jours puisque les négociations se font électroniquement, et vous ne connaissez pas votre contrepartie.
Mais les contreparties sur le marché Forex sont souvent les fournisseurs de liquidités qui sont souvent des banques. Votre courtier sert seulement d’intermédiaire.
Absence d’intérêts
Le deuxième point est assez simple. Vous devez juste éviter les swaps et les paiements inutiles au courtier. Les courtiers les plus populaires offrent des comptes islamiques sans swap, avec un accès direct au marché Forex.
Options binaires : halal ou haram ?
Les options binaires sont haram dans la mesure où vous n’achetez pas un titre réel à une autre personne. Elle s’apparente à un pari entre vous et le courtier. Si vous misez 100 euros sur une éventualité et que celle-ci ne se réalise pas, vous perdez votre mise et le courtier l’empoche. Par contre si votre prédiction est correcte, le courtier vous rend vos 100 euros plus un pourcentage de votre mise (par exemple 80 %).
Ce type d’opération s’apparente à un pari, une pratique interdite par l’Islam. Vous verrez néanmoins des comptes islamiques d’options binaires chez certains courtiers. Mais en aucun cas, les options binaires ne peuvent être halal.
Obligations : halal ou haram ?
Les obligations sont strictement interdites dans l’Islam sans exception. Contrairement aux actions, les obligations ne représentent pas une propriété du détenteur dans une société ou une institution, mais un prêt aux émetteurs de ces obligations.
De ce fait, le montant excédentaire reçu sur ces obligations, qui est stipulé et demandé dans le contrat, est considéré comme de l’usure ou riba, et est donc haram. Les spécialistes islamiques contemporains admettent à l’unanimité que toute transaction relative aux obligations est interdite par la charia.
Les obligations à prime
Elles ne conviennent pas non plus aux musulmans. Le détenteur de la prime avance effectivement un prêt à l’émetteur de l’obligation, et est donc inscrit à un tirage au sort avec la possibilité de recevoir une prime de valeur variable.
Même si les obligations à prime ne sont remboursables qu’au pair et n’offrent pas un taux de rendement fixe, le tirage au sort en fait une transaction usuraire, car toute augmentation conditionnelle au-delà du montant à rembourser est de l’usure.
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Les sukuk : l’alternative aux obligations
Les sukuk représentent généralement un droit de propriété indivis sur certains actifs physiques, l’usufruit d’un actif ou certains projets ou activités d’investissements.
Bien que semblables aux obligations classiques, les sukuk remplacent les distributions d’intérêts par des loyers ou des bénéfices, qui sont dérivés des actifs sous-jacents aux sukuk.
La détention de sukuk permet à l’investisseur d’avoir une part de propriété dans un actif ou un investissement particulier en vertu d’un contrat autorisé par la charia, et les investisseurs reçoivent le rendement de ces actifs.
Les différences entre sukuk et obligations
Contrairement aux obligations, les sukuk ne sont pas techniquement des titres de créance, bien qu’ils soient traités comme tels à des fins réglementaires. I
ls ne génèrent pas de rendement sous la forme de paiements d’intérêts, bien que les bénéfices reçus par un investisseur dans un sukuk soient généralement équivalents à l’intérêt qu’un investisseur d’obligations recevrait, si l’émetteur concerné avait émis des obligations plutôt que des sukuk. Les sukuk sont couramment proposés pour remplacer les prêts immobiliers à intérêts.
SCPI : halal ou haram ?
Les SCPI peuvent être halal sous certaines conditions. De plus en plus de SCPI halal sont désormais proposées par des institutions financières. Pour que la SCPI soit halal, elle doit principalement répondre à 3 critères.
➡ La société ne doit pas louer les biens pour des activités illicites aux yeux de l’Islam.
➡ Elle ne doit pas avoir recours au crédit bancaire classique.
➡ Elle ne doit pas investir dans d’autres placements interdits par la charia, comme le jeu, l’alcool et la pornographie.
First Union est l’un des premiers cabinets à proposer des SCPI halal (voir sa description un peu plus bas), mais d’autres acteurs se lancent avec leurs offres.
Les ETF islamiques
Les ETF islamiques sont ceux qui se conforment à la charia. C’est-à-dire ceux qui offrent une exposition à des actions, tout en respectant les principes d’investissements de la charia.
Les spécificités
Proposés par des émetteurs comme iShares, les ETF ou fonds indiciels islamiques suivent en général les performances d’indices composés d’entreprises dont les activités sont conforment à l’Islam.
La sélection est généralement faite sous la supervision d’experts en droit islamique, représentant souvent plusieurs pays et diverses écoles de pensée islamique.
La sélection des actifs
Le processus de sélection varie d’un indice à l’autre, mais en général, les indices conformes à la charia excluent les entreprises ayant des activités commerciales dans les secteurs suivants : alcool, jeux et divertissements, porc, tabac et finances (à l’exception des banques islamiques, des institutions financières islamiques et des compagnies d’assurance islamiques).
L’ETF Halal numéro 1
L’ETF iShares MSCI World Islamic est l’un des ETF islamiques les plus populaires. Il donne une exposition aux sociétés de différents secteurs cotés dans des marchés développés, et dont leurs fonctionnements sont dans l’ensemble conformes à la charia. On y compte par exemple Johnson & Johnson, Nestlé SA ou encore Adobe.
L’effet de levier en Islam
L’effet de levier est un prêt déguisé, qui permet de multiplier ses gains ou ses pertes. Un trader musulman doit donc se poser la question de savoir si cette opération est conforme à l’islam. Elle peut l’être, à condition que l’effet de levier utilisé ne doit pas générer des frais ou des intérêts. Hors, rares sont les courtiers à le rendre gratuit.
Vente à découvert (short selling) en islam
Là-encore, nous nous trouvons face à une opération boursière qui questionne les musulmans. Vader un titre, c’est parier sur sa chute et non pas sur sa réussite, avec un titre qu’on ne possède pas. Au lien de l’acheter, on le vend sans l’avoir. Plus une action va mal, plus la vente à découverte sera “gagnante”.
Vous devez vous en douter : la vente à découvert est totalement haram et interdite par l’islam, qui interdit de revendre un bien qu’on ne possède pas. L’usure est également interdite. Hors, le risque de perte illimitée s’apparente à l’usure.
Le métier de trader : halal ou haram ?
Le métier de trader ou de day trading est tout à fait halal. Cependant, le trader musulman ne peut pas négocier toutes sortes d’instruments. Comme nous l’avons déjà vu, certains instruments comme les obligations ou les actions non conformes à la charia sont prohibés.
En règle générale, les instruments que l’on négocie doivent être détenus, ou partiellement détenus, et ne doivent pas impliquer le paiement d’intérêts. Il convient aussi de noter que la spéculation est illicite en Islam si elle est hasardeuse.